PSALMODIE SUR LES MAUSOLEES DES SANTONS

 

I

Je vous rejette tous
Et je mets fin au dialogue
Je n'ai plus rien à dire
J'ai fait un autodafé
De mes dictionnaires et de mes effets,
J'ai fui la poésie antique
Et la rime en "r" du long poème de Farazdak,
J'ai émigré de ma voix
J'ai émigré des cités du sel amer
Et des poèmes de poterie peinte.

J'ai apporté mes arbres à votre désert
De désespoir les arbres se sont suicidés ;
J'ai apporté ma pluie à votre sécheresse
La pluie s'est retenue de tomber ;
J'ai planté mes poèmes dans vos matrices
Ils se sont étouffés.
O matrice, porteuse de poussière et d'épines !

II

J'ai essayé de vous arracher
De la colle de l'histoire,
Du calendrier des fatalités,
De la poésie pleurarde des clichés,
Du culte des pierres ;
J'ai tenté de libérer Troie assiégée,
Alors le siège m'a assiégé.
Je vous rejette, oui, je vous rejette
Vous qui avez créé votre Dieu
A partir de la bave,
Vous qui avez élevé une coupole
A chaque santon,
Un lieu de pèlerinage
A chaque faux prophète.
J'ai tenté de vous sauver
De la clepsydre qui vous engloutit
A chaque instant du jour et de  la nuit,
Des amulettes que vous portez sur vous,
Des psalmodies récitées sur vos tombes,
Des derwiches tourneurs,
De la diseuse de bonne aventure,
Et de la danse du Zaar.
J'ai tenté de planter un clou dans votre chair,
Mais, j'ai désespéré
De votre chair et de mes serres,
J'ai désespéré de l'épaisseur du mur,
J'ai désespéré de mon désespoir.

Hier, je me suis pendu
Aux tresses de ma maîtresse
Mais je n'ai pu lui faire l'amour
Comme je l'ai habituée,
Les traits de son corps étaient étranges,
Le lit était froid
Le froid était froid,
Le sein de celle que j'aime était une vieille orange pressée,
Et un drapeau percé.

Je regarde, hagard, sur la carte de l'arabisme :
A chaque empan de terre un Califa est né
Un pouvoir absolu s'est établi,
Une tente a été dressée…
Le drapeau et les sceaux me font rire,
Les empires me font rire,
Les Sultanats de pacotille,
Les lois originales,
Les cheikhs du pétrole,
Les mariages de courte jouissance
Et les instincts déréglés.

Je marche, visage étranger dans Grenade
J'embrasse les enfants, les arbres et les minarets renversés,
Là, les Almoravides ont campé,
Ici, les Almohades se sont établis,
Là, ont eu lieu les orgies,
Ici, s'est effectuée la transe,
Là, un manteau ensanglanté,
Ici, un échafaud dressé.

Tribus arabes !
Dispersez-vous comme des feuilles mortes !
Entretuez-vous ! Disputez-vous ! Suicidez-vous !
O coup de poignard
Pour une seconde fois
Du genre d'une certaine Andalousie vaincue !

 

:

NIZAR KABBANI

 

 

Ses poemes en arabe

En Arabe – Arabic

Poeme 1

Poeme 2

Poeme 3

Poeme 4

 

Ses poemes traduits en francais

1.Premier poême

2.Eclaircissement pour les lecteurs de ma poesie

3.Pain, Haschich et croissant de lune

4.Psalmodie sur les mausolées des santons

5.Je suis pour le terrorisme

6.Je lis ton corps…et me cultive

7.Belkis

 

 

 

 
 

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