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interviennent dans
des interactions du culturel et du
psychique, du psychique et du corporel, du
corporel et du culturel forgeant
profondément la personnalité et expliquant en partie les difficultés de l'exil. D'où:
la nécessité de "sas" pour favoriser les évolutions.
Souvent, dans vos relations avec nous,
interviennent vos propres coutumes, vos habitudes de pensée, vos
propres fantasmes, en un mot vos propres
"représentations" Ce qui vous
rend plus difficile le jugement à porter sur une situation
donnée. C'est pourquoi il paraît important de mieux
connaître les coutumes, mode de pensée et mythes de ceux qui
vous cotoient |
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le
positionnement de la famille (Pere, Mere,Grand-Parents) |
LE PÈRE |
La fonction du père
<<Le père en venant rompre la relation
duelle exclusive de l'enfant à sa mère, en s'interposant entre
la mère et l'enfant, devient aussi, et nécessairement, un
médiateur. Dans le pays d'origine, le père même le plus
faible, assure cette fonction. Même s'il ne parvient pas à
l'assumer personnellement. Il est épaulé par "le
groupe des pères" (pairs) qui le soutient et le
maintient. Le groupe des pères sert donc de béquille et de
contenant au père défaillant. Or dans le pays d'accueil,
ces groupes de pères ne fonctionnent pas de la même
façon. Ils sont d'ailleurs souvent absents....Le père
immigré continue à véhiculer le vécu de sa culture d'origine
sans qu'il y ait l'étayage social du pays d'origine...Souvent
ses enfants connaissent mieux le dehors que lui, tandis qu'ils
parlent très mal, voir pas du tout la langue du dedans, celle de
la maison et du pays d'origine des parents. Ici l'enfant se
trouve confronté au non-dit et à la défaillance de ce rôle
médiateur du père.>>(p.202)
Le père transplanté
<<Cette défaillance du père
transplanté, analphabète, fait naître chez le fils aîné et
lettré le désir de le remplacer au sein de la dynamique
familiale en le dégradant, parfois, dans un statut tout à fait
subalterne Parfois c'est l'inverse qui s'observe. Le
père sentant son pouvoir diminué et contesté tente en un
dernier sursaut de s'affirmer avec violence au sein de la famille
par une reprise des traditions qu'il rigidifie à
l'extrême.>>(p.228)
La difficulté du passage d'une
société à une autre
<<Dans la société traditionnelle un
père n'est jamais défaillant. Cela ne veut pas dire qu'il
n'y a pas de père faible. Même le père le plus faible, le
plus absent est porté, contenu par le "groupe des
pères/pairs". C'était aussi le cas en France:
l'absence du père ou sa défaillance n'a pas empêché
Napoléon, Balzac ou d'autres de devenir des grands
hommes. Mais ici l'individu issu de la société
traditionnelle est confronté à de nouvelles données qu'on ne
lui laisse même pas le temps nécessaire pour pouvoir les
métaboliser. Il passe subitement du monde où le sujet
n'est défini que comme "fils de" (Ben en arabe, Aït
ou Aith en berbère) à une société où on est reconnu avant
tout par sa carte d'identité. Il passe d'une société
groupale où on est reconnu avant tout comme rôle, à une
société où à la notion de couple et la notion de sujet sont
prévalantes. Il passe d'une société monosexuelle où la
séparation des sexes est de rigueur à une société ou la
mixité, ne serait-ce qu'au travail, est de plus en plus
importante. Ceci invite à la modestie. On ne peut pas
demander à ces personnes issues pour la majorité du monde rural
traditionnel de faire un tel saut en quelques années, en
deux-trois-quatre ans alors que les occidentaux ont mis plus d'un
siècle pour en arriver là.>>(p.281) |
L'éducation du jeune enfant
<<Dans ce milieu traditionnel, la demande de
l'enfant est satisfaite immédiatement et constamment, le plus
souvent sur un mode oral, et ce durant très longtemps (deux ans en
moyenne, voire plus). Cette réponse orale immédiate et souvent
associée à des manipulations corporelles: bercements, massages,
jeux corporels, etc..qui font que très précocement " l'enfant
s'ouvre sur un monde extérieur sur un mode actif". Tout
semble être fait durant cette période pour éviter à l'enfant
toute frustration. Il y a là un facteur de sécurisation et un
support concret de l'investissement de la mère comme seul "bon
objet".>>(p.56) qui laisse
des traces
<<En définitive, l'empreinte laissée par
ces coutumes se retrouve chez l'adulte sous forme d'une
"fixation orale à la mère" et corrollairement d'une
quête d'assurance et de sécurité.>>(p.59)
Le comportement de la mère est
différent suivant le sexe de l'enfant
<<Dès lors on encourage toutes les
manifestations viriles du garçon, selon les valeurs
sociales. Ainsi le garçon en colère passe souvent sa rage sur
sa soeur et ce ne sont pas les principes éducatifs traditionnels qui
peuvent décourager les manifestations agressives à l'égard de
celle-ci. Elle, (la mère) va jusqu'à l'encourager en lui
disant " tu es un homme, donne lui des coups, elle n'est qu'une
pisseuse.>>(p.70)
mais les apparences sont trompeuses
<<A ceci il faut rajouter ce fait qui ressort
clairement du discours de mes sujets. La fille fait peur à
l'homme et l'angoisse. Cette angoisse liée à la perte
d'honneur dont la fille porte la menace est liée à la virginité de
la fille...En définitive, elle est la révélation de la virilité
de l'homme. Tout se passe comme si c'était elle qui détermine
les critères de la virilité...c'est à ce niveau qu'il faut
comprendre le profond attachement du maghrébin à sa mère, à sa
soeur et à sa grand-mère. Elles sont les seules à pouvoir
lutter contre les maléfices d'autres femmes qui lui sont
destinés. C'est là un conditionnement de l'homme dès les
premiers jours de sa vie où la femme devenue mère, prend sa
revanche sur le monde masculin en s'imposant comme l'unique
intermédiaire avec le monde invisible de nos fantasmes et
angoisses.>>(p.72/73)
<<Le maghrébin malgré son apparence
"macho" craint énormément la femme et sa puissance
occulte et n'a confiance en fin de compte qu'en sa parenté
féminine. Le mépris qu'il affiche à l'encontre de la femme
n'est qu'un mécanisme de défense qui camoufle sa peur de la femme.>>(p.158)
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LA GRAND-MÈRE |
La fonction des
grands-parents
<<Tout semble se passer comme si les
grands-parents existaient pour consoler, permettre ce qui est
défendu, adoucir la vie des petits.>>(p.85)
Des différences qui choquent
<<Bon nombre de nos sujets vus en France
opposent l'image infiniment chaleureuse et gratifiante des
grands-parents maghrébins qu'on vénère, à celle des
grands-parents occidentaux "abandonnés, rejetés, isolés,
placés en hospice parce que devenus
inutiles".>>(p.88)
L'importance de la fonction
"sas" de la grand-mère
<<Le sevrage, on l'a vu, est une rude
épreuve. Mais la société a trouvé des aménagements
possibles, notamment en la personne de la grand-mère. En
emmenant l'enfant loin de chez sa mère, elle atténue
momentanément la souffrance; elle offre un "sas",
un espace médiateur à ses problèmes.>>(p.92) |
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dans des rites comme la
Circoncision, le Hammam, le Sevrage |
LA CIRCONCISION |
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<<D'après différents
auteurs, elle s'accomplit de 5 à 8 ans en Algérie; de 9 à
10 ans en Égypte méridionale; à quelques semaines après
la naissance en Arabie et de 10 à 15 ans chez les
Sénégalais. Ainsi le même rite sanctionne tantôt
l'entrée dans l'enfance, tantôt dans l'adolescence sans
jamais être lié à la puberté
physiologique.>>(p.121)
Elle est désirée par le jeune
<<Ce désir de la circoncision par
les jeunes et sa non imposition par les adultes vont tout à
fait dans le sens de ce que nous avons trouvé dans notre
étude...pour nos sujets (ils) parlent de la circoncision
comme d'une épreuve indispensable dont il ne faut pas qu'on
les prive, qu'il faut affronter avec fierté et orgueil pour
devenir un homme.>>(p.122)
non comme obligation, mais comme
signe
<<La circoncision, pour le musulman,
définit un rapport d'appartenance à la communauté
islamique.Tous nos sujets, dans leur grande majorité, nous
ont parlé de la circoncision comme étant un devoir
religieux et un acte imposé par la religion musulmane...Or,
fait curieux, la circoncision ne bénéficie d'aucun
caractère obligatoire dans la religion musulmane
Elle n'est pas obligatoire
<<Canoniquement et théologiquement
:donc, la circoncision ne bénéficie d'aucun statut
privilégié en Islam, contrairement à la religion
juive. Elle n'a aucune place parmi les 5 piliers de
l'Islam que nous avons déjà cités. C'est une simple
recommandation: aucune prière ne l'accompagne, tout comme le
mariage. D'autre part l'âge n'est pas fixé de manière
rigoureuse et elle peut avoir lieu de 1 à 16
ans. Certains savants comme El Ghazali préconisent de
se différencier des juifs quant à l'âge de la
circoncision: "la circoncision est pratiquée par
les juifs au septième jour..." . Ainsi donc, "la
circoncision est davantage une pratique des musulmans qu'une
pratique de l'Islam". Il s'agit de marquer
l'appartenance au groupe>>(p.123)
Différences avec la circoncision
juive
<<La circoncision en
milieu maghrébin confère des privilèges spéciaux: aller
à la mosquée avec le père...aller au souk...une
modification de statut, tout comme le passage du hammam des
femmes à celui des hommes, et elle est vécue comme telle
par le circoncis. Les privilèges qui en découlent
paraissent comme liés à elle, contrairement à la
circoncision juive qui se pratique très tôt et où les
privilèges liés au sexe masculin paraissent avoir toujours
existé. ... La circoncision est perçue autrement par
le jeune maghrébin qu'une blessure castratrice. Nous
serons tenté de dire que c'est plutôt la non-circoncision
qui est vécue comme castration, comme refus de la part du
père de reconnaître la masculinité de son
fils.>>(p.134) |
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LE HAMMAM |
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Ce
qu'il est
<<La mère y rentre avec ses enfants,
avec sa fille et son fils tant que celui-ci n'est pas
circoncis.>>(p.103)
Signe pour le garçon
<<Ainsi dès que le garçon est exclu
du hammam des femmes il est littéralement happé alors par
le monde masculin et commence à prendre le chemin du hammam
des hommes...ainsi avec le hammam des hommes le garçon entre
dans le monde jusque-là inconnu des adultes; ceci signifie
pour lui ne plus côtoyer que des hommes.>>(p.116)
Les effets psychologiques
<<Cette atmosphère chaude et froide
mêlée au jeu de vapeur et à la faible lumière crée une
ambiance quasi irréelle entre la veille et le sommeil
favorisant ainsi la régression et la fantasmatisation, et
éveille des multitudes de souvenirs et de rêves forts
sexualisés.>>(p.106)
<<Enfants, nous ouvrons nos yeux
sur/dans le hamman; devenus adultes nous le peuplons de nos
souvenirs d'enfance, de nos fantasmes, de nos rêves et c'est
là pour tout maghrébin une manière précise de revivre son
enfance à partir de son expérience du
hammam.>>(p.109)
<<C'est au hammam que l'enfant
maghrébin découvre la différence des sexes et contemple à
loisir le sexe des autres.>>(p.109)
son aspect religieux
<<Le hammam est infiniment lié à la
religion musulman "être attentif à son corps,
l'assumer en totalité, prendre au sérieux ses propres
fantasmes, faire de la quête de l'orgasme un but essentiel
de la vie terrestre et même de la vie transmondaine telles
sont quelques unes des visées de l'Islam.>>(p.104)
<<Mais fait paradoxal et surprenant,
le hammam, institution typiquement islamique, soulève une
grande réprobation de la part des théologiens
musulmans...la réprobation des religieux s'explique par le
fait que la nudité intégrale est au centre de la
question...au hammam la nudité intégrale des hommes est
presque courante, celle des femmes est presque partout la
règle.>>(p.107/108
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SEVRAGE ET ALLAITEMENT |
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Le sevrage
<<Le paradis à deux, ce nid douillet
et chaleureux, ce royaume des mille et une merveilles ne
durera pas car un intrus ou une intruse, un concurrent ou une
concurrente est là et réclame sa place et son dû. La
mère maghrébine appartient au dernier-né. C'est dans
ces circonstances qu'intervient le sevrage.>>(p.98)
<<Nous avons parlé dans un premier
temps de l'intensité de cette relation (mère-enfant) et de
sa longue durée où la satisfaction de l'enfant est
constante et immédiate pendant les deux ou trois premières
années, voire plus. Mais juste à ce moment-là intervient
le sevrage, brutalement et sans préparation. C'est la
première grande frustration que connaît l'enfant. Ce
sevrage qui intervient du jour au lendemain revêt pour
l'enfant tous les caractères d'un abandon.>>(p.58)
L'allaitement
<<L'allaitement au Maghreb a des
connotations beaucoup plus profondes qu'en Europe...On est
tenu d'avoir le même comportement et les mêmes devoirs
envers la femme qui nous a allaité qu'envers notre mère
génitrice. De même les garçons et les filles
allaités par la même femme que nous sont considérés comme
nos frères et soeurs...Par ailleurs, environ un tiers de nos
sujets ont été allaités par une autre femme, le plus
souvent par la grand-mère, et leur mère a allaité d'autres
enfants que les siens.>>(p.94)
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INTERACTION DU
CULTUREL ET DU PSYCHIQUE |
Des aspects auxquels on
ne pense pas quand on parle
<<Ainsi là où je dis , moi maghrébin
d'origine rurale, à mes enfants: "va ouvrir (ou fermer) la
porte du dehors, leur mère, française, leur dit: "va
ouvrir (ou fermer) la porte d'entrée". Les premières
fois les enfants ont relevé et parlé cette différence en
souriant, mais cela n'a nullement affecté leur compréhension du
message de leur père ou de leur mère. Cela ne change pas
l'état de la porte, elle sera fermée ou ouverte, le sexe des
parents n'influe pas sur l'état de la porte. Par contre ce
qui change c'est que cela introduit un troisième temps, celui de
la relation: selon la première formulation (il y en a des
centaines) ou la seconde, ils intègrent qu'ils sont en relation
avec des références culturelles différentes, de leur père ou
de leur mère portées par la langue. Donc ce temps de
relation, ce temps autre, est aussi une intériorisation de
l'altérité, ce qui les introduit à leur historicité et les
inscrit dans leur généalogie.>>(p.31)
C'est par la langue que s'introduit la
généalogie
<<La filiation est une assignation à une
place donnée dans les structures de parenté, un nom et et une
transmission par le nom et dans le nom. C'est ce que j'ai
découvert très tôt lors de ma scolarité. Étant d'une culture
orale berbère, j'étais habitué à m'entendre appeler par mes
parents et mon entourage par le prénom qui m'a été attribué
à la naissance, avec ses sonorités caractéristiques. Ma
rencontre avec les instituteurs puis les professeurs provoqua en
moi une grande perplexité. Le professeur d'arabe par exemple me
reprenait avec insistance, voire sévèrement chaque fois que je
me présentais, en arabisant mon prénom aussi bien dans sa
prononciation que dans son orthographe, en ajoutant le préfixe
"Al" caractéristique de l'arabe ; le professeur de
français, quant à lui, me déclara que mon prénom devait se
prononcer et s'écrire de la même façon que celui du roi de
Jordanie: Hussein. Un an plus tard, un autre professeur de
français, dans un cours intitulé « connaissances usuelles »
nous fit un exposé sur les premiers habitants du Maghreb, ou
indigènes, appelés «berbères» ; et pour illustrer ses
propos, elle me désigna en exemple, énumérant les unes après
les autres leurs caractéristiques morphologiques. Cette
expérience fut une révélation. Je pus enfin entendre,
intégrer, ces masses sonores si familières mais qu'aucun
professeur, ni celui de français, ni celui d'arabe, ne parvenait
à prononcer... Je mettais donc un sens sur cette différence.
Cette découverte m'évita une aliénation dans une culture
étrangère, française ou arabe. Je m'épargnais ainsi les
avatars d'une éventuelle angoisse de désaffiliation... Je
n'étais plus seul : je savais qui j'étais, d'où je venais. Je
pouvais aller à la rencontre de l'autre et de sa culture,
partager ses connaissances sans craindre de me perdre. Car, n'en
doutons pas, bien circuler au sein de ses structures de parenté
et dans sa filiation permet de circuler plus aisément dans les
structures scolaires et donc sociales.>>(p.199)
L'apprentissage de la langue...
<<Le rapport au langage, loin d'être un
simple rapport d'acquisition, est un rapport d'inscription dans
un système de parenté et d'alliance, qui a cours dans notre
culture, et aussi dans la place que nous occupons en tant que
sujet "Apprendre à parler c'est apprendre à occuper cette
place"(Tabouret-Keller.1985)>>(p.241)
<<La langue c'est l'élément essentiel
de la structuration de la culture. D'autre part...la culture
dépose dans la langue des éléments d'inclusion qui se
transmettent de génération en génération.>>(p.244)
pour le transplanté
<<Chez l'enfant transplanté c'est
surtout la possibilité d'une éventuelle bipolarisation de sa
pensée qui va susciter des problèmes. L'enfant
transplanté est confronté à deux langues différentes, deux
discours différents, chacun véhiculant un vécu
différent.>>(p.196)
<<Il (un sujet) est ainsi apparemment
normal et adapté aux normes socioculturelles françaises
accroché au factuel et au concret, sortant des phrases toutes
faites qui lui servent de mécanismes de dégagement alors qu'en
arabe sa pathologie se lit à livre ouvert. Il est en effet
rapidement submergé par le pulsionnel. Il y a un clivage
entre la façon dont il se présente en français et en
arabe.>>(p.246) |
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INTERACTION
DU PSYCHIQUE ET DU
CORPOREL |
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La pulsion, concept
charnière
<<La pulsion est donc l'un des
concepts de la démarcation entre le psychique et le
corporel....la pulsion n'est en fait ni somatique, ni
psychique mais représente ce point d'articulation entre le
besoin organique et le désir psychique>>(p.13)
Les troubles du psychique et du
corporel sont liés
<<Tous les troubles du Moi vont
nécessairement coïncider avec l'atteinte de l'image
corporelle, puisque les deux son
interdépendants>>(p.191)
La transplantation atteint la
personne dans son ensemble
<<La transplantation présente une
situation radicalement nouvelle, dans laquelle sous un choc
de changement social, l'image du corps va se déformer,
plier, voire éclater. L'individu se trouve dans une
nécessité urgente et vitale d'adaptation de son image
corporelle au nouveau monde, d'où la nécessité théorique
de l'intensification de l'échange dans un tel
processus.>>(p.192) |
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INTERACTION
DU CORPOREL ET DU CULTUREL |
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Parallèle entre le
corps et la langue
<<Le son, rythme de base de passage
du pré verbal au verbal, du corporel au métaphorique, du
jeu de corps aux jeux de mots, unité minimale de
communication et de différenciation. Le "je"
c'est l'opération de base de distinctivité. Le petit
homme en disant "je", dit ce qu'il est par rapport
à ce qu'il n'est pas. Et ce, qu'il l'exprime en mots ou
qu'il le symbolise dans le jeu par l'intermédiaire d'une
ficelle et d'une bobine...Les mots ont une base
corporelle. Le mot est à la pulsion ce que la ficelle
est à la bobine. Le corps dans le corps de la lettre,
la calligraphie arabe, en fournit une superbe
illustration. >>(p.253)
Quand la langue ne fonctionne plus,
le corps prend le relais
<<La somatisation chez le maghrébin
transplanté serait de l'ordre du pré verbal, c'est ce qui
reste (le dernier refuge) quand le langage appris dans la
culture d'origine ne sert plus à communiquer, n'est plus
opérante, le maghrébin a recours au corps pour essayer
d'atteindre l'autre, de communiquer avec lui. Sa demande
d'être reconnu passe par le biais de la
somatisation. La somatisation vient signifier le défaut
(par défaut) de l'inscription et de l'identification à la
nouvelle culture par la langue. Quand la langue
maternelle fait défaut, ne permet plus l'inscription
culturelle et sociale ni l'identification à la nouvelle
situation il y a recours à la somatisation pour mieux dire
la souffrance. Cela suppose de la part du maghrébin un
fantasme de l'universalité du langage du corps et de la
communication pré-verbale.>>(p.218)
La langue dans le corps
<<Dans une certaine mesure le
changement de langue peut s'assimiler à un traumatisme
psychique. Force est de constater que malgré des
siècles de laminage des langues régionales en France,
celles-ci continuent à survivre dans la langue et la culture
nationales ne serait-ce que par leurs accents (méridional,
alsacien, etc.) Elles vivent pour ainsi dire dans le corps et
par le corps comme une sorte de mémoire corporelle de
l'identité. Le corps en garde trace.>>(p.291) |
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LA CALLIGRAPHIE |
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La calligraphie, un
art religieux
<<La calligraphie, désignée, en
arabe, par le mot khatt, est une activité quasi religieuse,
dûment réglementée....C'est donc le moyen de communication
qui vient aussitôt après le langage. C'est aussi un
noble art, car il est propre à l'homme, qu'il distingue des
animaux. De plus il révèle les pensées et les
transmet à distance. Il est l'instrument de la science,
du savoir (de la connaissance), des livres des anciens et de
leurs histoires.>>(p.251) |
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DIFFICULTÉS DE L'EXIL |
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Des coutumes qui
marquent profondément la personnalité
<<A la tête du berceau, sous le
coussin, la mère place un couteau ou une clef, parfois un
miroir et un sachet plein d'ingrédients destinés à
protéger le nourrisson et le tout restera sous sa couche
pendant 40 jours. Il arrive qu'on laisse une lumière
auprès de l'enfant pour écarter les "génies
malfaisants". On sait que ceux-ci craignent le fer
et la lumière. On accroche aussi à la tête du berceau
une main de Fatima et le verset du Trône (Ayat-el-Koursi)
qui écartent les cauchemars. Ces pratiques qui peuvent
faire rire un européen, marquent l'individu pour toute sa
vie. Même dans les milieux instruits qui se proclament
volontiers ultramodernes et où l'influence occidentale
s'exerce puissamment, la croyance en ces vieilles
pratiques occupe encore des positions dont l'étendue a de
quoi surprendre.>>(p.70)
même chez les intellectuels
<<Même ceux qui renient et
dénigrent la culture traditionnelle maghrébine épargnent
le hammam, tout d'ailleurs comme la circoncision, en lui
trouvant des vertus
"insoupçonnables".>>(p.103)
<<Que le maghrébin s'estime
"ultramoderne" et évolué, ou traditionnel, il
observe ces rites. Même les intellectuels qui
affichent, en occident, l'opposition à leur culture
d'origine se soumettent et perpétuent les coutumes et les
valeurs traditionnelles quand ils retournent dans leur
pays. Est-ce là quelque chose de surprenant? Nous ne le
pensons pas. Beaucoup d'observateurs extérieurs à
la culture maghrébine se sont laissés abuser par
l'apparence que représente la structure maghrébine et par
le discours manifeste de certains intellectuels maghrébins
éprouvant des difficultés de maturation affective. Or
on sait qu'au Maghreb les règles et les codes sont
fondamentaux, que le mensonge aux étrangers est plutôt une
ruse valorisante et valorisée et qu'on ne livre jamais son
être profond; on ne livre à autrui qu'une apparence. Le
Moi social prime le Moi individuel. On est tenu d'être
solidaire des "siens", de son groupe social, c'est
là quelque chose de si profondément intériorisé au fond
de la personnalité maghrébine que seule la psychanalyse
peut nous en faire prendre conscience. Le maghrébin est
sans cesse sous le regard "des autres": qu'en
dira-t-on ?>>(p.157)
La représentation de l'instruction
des filles
<<L'obligation d'assistance, lorsque
les parents vieillissent revient au garçon, et quand le
garçon se marie il reste en général chez ses parents alors
que la femme suit son mari. Aucun de nos sujet (habitant
en France) jeune ou vieux, n'envisage l'éventualité que la
fille puisse ne pas se marier. La fille finira, pensent
nos sujets, par rejoindre un jour la maison de son mari; dès
lors peu de choses sont importantes et même l'instruction ne
l'est pas puisque ce n'est pas sa famille qui en profitera
mais des étrangers.>>(p.71)
La transplantation comme perte de
références
<<La transplantation signifie une
perte de tout un monde de références qu'on ne peut plus
partager avec ceux que l'on côtoie chaque
jour>>(p.177)
<<Ceux qui semblent les mieux
adaptés ne sont pas nécessairement ceux que l'on croit;
ceux qui semblent les mieux adaptés sont au contraire ceux
qui s'acceptent comme fondamentalement
différents.>>(p.194)
Difficultés d'identification
<<En ce qui concerne la majorité des
jeunes maghrébins issus de couples de transplantés, leur
développement affectif ne peut être, le plus souvent, que
bloqué ou dévié car l'idéal des valeurs sociales de leurs
parents et la position socialement méprisée de ceux-ci,
leur ignorance dans la plupart des cas de leur langue
maternelle diminuent les échanges avec leurs parents à qui
ils ne peuvent s'identifier puisqu'une éventuelle
identification ne serait pas valorisante narcissiquement,
d'où le désarroi de ces jeunes. Même les rapports à
la mère ne sont plus ce qu'ils étaient puisque l'État
français tend à déposséder les parents de certains droits
et prérogatives>>(p.228)
Soumis à des messages paradoxaux
<<L'immigré se trouve pris au milieu
de ce filet de messages paradoxaux qui lui parviennent de
part et d'autre. De son pays et sa communauté d'origine, il
entend "ne te renie pas, ne retourne pas ta veste",
mais "ne reviens pas et reste là où tu
es". De son pays d'accueil, il entend "ta
culture est un frein à ton intégration, elle est
dangereuse, renie là, retourne ta veste pour
t'intégrer"..Alors ces jeunes sont pris dans ce
problème de "l'entre-deux", où de chaque coté
ils sont mis dans une position intenable où il faut à la
fois s'accrocher à ses racines et s'en
défaire.>>(p.231)
Un exemple illustratif
<<Autre impasse, pour l'immigré
musulman transplanté en France, la croyance aux Djinns...Les
Djinns peuplent l'imaginaire musulman du Maghreb, de
l'Égypte, de la Perse et des Turcs et font partie de la foi
musulmane...Les Djinns sont cités en 22 endroits dans le
Coran qui décrit leur genre et leur mode de vie. Ils
seront jugés le jour du jugement dernier par Dieu au même
titre que les humains selon leurs actes. Y croire est un
acte de foi, fait partie de la foi musulmane, comme tout ce
qui est dit dans le Coran. Comment remettre la parole de
Dieu en doute?...En situation de transplantation cela devient
un dilemme: s'y référer et en parler c'est passer pour
arriéré ou aliéné, le nier c'est renier ou mettre en
doute une partie de sa foi. Aussi ce conflit est
occulté et l'imaginaire qui s'y rattache
enterré. Cette part de l'imaginaire nécessaire à la
vie psychique dans le pays d'origine ne trouve plus à se
dire. Aussi le corps reprend le relais pour représenter
cet irreprésentable, cette impossibilité à dire ou non. A
force d'être entouré de sourds on devient muet.>>(p.239) |
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ÉCOLE ET "SAS" |
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La nécessité d'un
"sas"
<<Quant à l'immigration, elle est
aussi un passage, une traversée. Certains la font sans
dégâts d'autres voient leur embarcation chavirer, se briser
et ils se noient. Cette traversée d'un état à un
autre ne se fait pas d'elle-même, parce qu'on est confronté
à deux représentations qui sont souvent
inconciliables. Aussi faut-il quelque part dans notre
esprit, dans notre façon d'être, ménager un
"sas", opérer une mise en latence des pensées
ou des données inconciliables, pour que le petit enfant qui
se socialise puisse aller vers l'autre sans trop de
reniements, en douceur.>>(p.201)
<<Le passage d'un espace culturel
dans un autre nécessite un espace intermédiaire, un sas de
mise en latence des éprouvés inconciliables des deux
espaces culturels. En somme un espace de "non
menace.>>(p.23)
L'enfant d'origine étrangère
comme "analyseur" de l'école
<<L'enfant d'origine étrangère est
un véritable analyseur de l'institution scolaire qui oublie
ou refoule la réalité psychique de l'élève, ce qui
provoque résistance et défense>>(p.24)
L'école peut jouer ce rôle de
"sas"
<<J'ai parlé du "groupe des
pères" qui empêche l'enfant du père défaillant
d'être "hors repères". Ces pères sont aussi
des "pairs", et ce groupe de pairs peut se
constituer dès l'école et au sein de l'école. J'ai
introduit cet exposé en parlant de ma rencontre avec
l'école qui a balisé mes repères identitaires pour mieux
asseoir mes rapports de filiation et d'affiliation. Je
voudrais conclure par l'école, qui est pour moi un
formidable espace médiateur et intermédiaire, un lieu de
nidification culturelle, un ouvreur de perspectives, porteur
de création. L'école est un passage à traverser, un
pont entre la famille et la société.>>(p.205)
comme le psychanalyste dans son
travail
<<Ainsi notre imaginaire est
structuré par la langue et tout particulièrement par notre
langue maternelle et pour les immigrés, dont je fais partie,
par le français également qui impose ses signifiants. Face
à ces patients avec qui je partage l'appartenance culturelle
et la transplantation, mon travail consiste à leur offrir un
espace intermédiaire où ils peuvent être entendus dans
leur langue d'origine et/ou dans la langue du pays
d'accueil. J'essaye de leur offrir un espace de
médiation, un espace hors menace où leur soi privé (horma)
et leur soi social se rencontrent sans s'affronter grâce à
l'étayage sur le thérapeute lors du transfert et du
contre-transfert.>>(p.247).
Médiation
Que signifie-t-elle? que confronté
à la différence (culturelle, sexuelle, etc...) deux
attitudes ont cours d'ordinaire: le rejet ou le
déni. Mais si on veut aller plus loin, aider l'autre à
sortir de cette impasse, il faut momentanément lui offrir un
sas, ne serait-ce que dans notre tête, dans notre façon de
l'accueillir. Je veux dire par sas un lieu de
non-conflit, de non-destruction: moi ou l'autre, un lieu de
non-violence qui permet de l'accompagner pour que le sujet
puisse pacifier les deux contraintes qui se battent en lui et
en faire des alliés pour un changement sans
reniement. Lui permettre ce débat intérieur pour qu'il
puisse faire la part des choses et aller de l'avant, telle
serait la fonction de cet espace de médiation. De la
confrontation avec d'autres cultures peut naître un
apprentissage et un élargissement de l'espace intérieur du
sujet, seule parade à l'intégrisme intellectuel, mental et
psychique. La culture peut fonctionner ici comme un
espace transitionnel et médiateur. Elle est un
contenant pour la psyché tout comme le corps l'est pour la
pulsion. L'interculturel est une école de reconnaissance et
de connaissance qui permet d'appréhender que l'autre n'est
nullement le même.>>(p.284) |
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Textes
tirés de la thèse d'État de Hossaïn BENDAHMAN - mis en forme par Babishtar |
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